Depuis quelques mois, une certaine nervosité règne parmi les constructeurs automobiles européens concernant le délai de l’interdiction du moteur thermique, en 2035. Les perspectives de ventes moins favorables que prévu et la réduction des subventions gouvernementales ont incité plusieurs constructeurs à envisager un possible report de cette échéance.
Le président de Stellantis, Carlos Tavares, a suggéré l’existence de deux scénarios pour les élections européennes cette année : une accélération de l’électrification en cas de victoire des « progressistes dogmatiques » ou un ralentissement en cas de victoire des « populistes ». En évoquant cette deuxième hypothèse, Carlos Tavares a ouvert implicitement la possibilité d’une révision du calendrier réglementaire pour l’interdiction du moteur thermique en 2035.
D’autres voix se sont fait entendre. Lutz Meschke, directeur financier de Porsche, a déclaré que la fin du moteur à combustion pourrait être retardée : “Il y a beaucoup de discussions en ce moment autour de la fin du moteur à combustion.”, avait-il confié fin janvier à l’agence Bloomberg . Luca de Meo, PDG de Renault, a quant à lui affirmé que l’industrie ne pouvait plus reculer sur l’échéance de 2035, tout en évoquant la possibilité d’un report si les conditions adéquates n’étaient pas mises en place. Il a notamment précisé à l’AFP au lendemain du Salon de Genève qui se tenait fin février : “J’espère que l’interdiction s’appliquera un peu plus tard, parce que nous ne serons pas capables de le faire sans endommager toute l’industrie.”.
Ce changement de posture s’explique en partie par le ralentissement de la croissance des ventes de véhicules électriques et les attentes des investisseurs. Les marchés financiers récompensent les constructeurs qui se montrent flexibles dans leur approche de l’électrification (pour preuve : le regain de succès en bourse des noms traditionnels du marché automobile tels que Mercedes, BMW ou Stellantis, alors que des spécialistes de l’électrique chutent), ce qui a conduit certains groupes à repousser des investissements ou des lancements de véhicules électriques.
Malgré cela, les constructeurs continuent de souligner leur engagement envers l’électrification, mais mettent également en avant la nécessité de maintenir une offre de véhicules thermiques pour répondre à la demande du marché. Les incertitudes réglementaires et les réductions des aides gouvernementales ont également suscité des inquiétudes parmi les acteurs du secteur. Uwe Hochgeschurtz, le patron Europe de Stellantis estime que “Les Etats devraient davantage assumer leurs responsabilités.Ils ont pris des engagements internationaux de baisse de leurs émissions de CO2 et les aides sont nécessaires pour décarboner la mobilité en augmentant les ventes”.
Dans ce contexte, la question du report de l’interdiction du moteur thermique en Europe se pose. Les constructeurs espèrent que les gouvernements soutiendront davantage l’électrification en augmentant les subventions et en créant des conditions favorables pour atteindre les objectifs de décarbonation de la mobilité.