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Le succès du leasing social pour les véhicules électriques est indéniable. Lancé en janvier 2024 avec un objectif de 25 000 unités pour l’année, le leasing social a déjà reçu plus de 50 000 demandes. Un succès qui pose problème tant pour l’État (qui met fin au programme en 2024) que pour les constructeurs.
Un succès immédiat
En seulement six semaines, plus de 50 000 ménages ont fait une demande de leasing social pour un véhicule électrique. Avec l’aide de l’État, la location d’un véhicule électrique devient financièrement très intéressante, avec des tarifs à partir de seulement 60 € par mois, ce qui est très compétitif en termes de location longue durée (LLD).
Cependant, ce succès engendre également des problèmes. En effet, avec 50 000 demandes au lieu des 25 000 prévues pour 2024, les crédits alloués sont déjà largement épuisés : 650 millions au lieu des 325 prévus ! Ces crédits sont financés par l’argent public. De plus, si toutes les demandes étaient acceptées, on pourrait atteindre les 90 000 inscriptions, voire plus.
Les constructeurs dépassés eux aussi
Cela pose également des problèmes aux constructeurs qui doivent répondre à la demande en proposant des tarifs compétitifs pour rendre au moins un de leurs modèles éligible au leasing social. Une voiture à 100 € par mois est un argument marketing fort, mais cela peut mettre à mal les marges et les plans produits des constructeurs ayant de nombreux nouveaux modèles dont la sortie est prévue sur l’année.
De plus, la production ne peut pas suivre la demande. Les constructeurs doivent accélérer rapidement leur cadence de production pour répondre à l’engouement suscité par les modèles éligibles au leasing social. Ce qui pose un problème lorsque cet engouement retombera après l’année 2024, car il faudra alors réduire la cadence de production. L’État accepte de financer 50 000 leasing sociaux cette année à condition que les constructeurs s’engagent sur des délais de livraison.
Cette situation bouleverse également les plans produits des constructeurs, qui se voient forcés d’ajuster leur offre en fonction de cette aide. Cela pourrait également les pousser à modifier leurs approvisionnements en pièces, avec un risque de recourir à des fournisseurs chinois moins chers ou de réduire la qualité pour assurer le rythme de production.
L’obligation de mettre le programme en stand by
Face à ce succès colossal, le leasing social sera donc mis en pause pour l’année 2024 et pourrait être modifié pour éviter un afflux massif de demandes. Une approche basée sur des quotas mensuels plutôt qu’annuels pourrait être envisagée. Cela permettrait de lisser la demande et d’éviter un effet d’attente. De plus, les nouvelles sorties de véhicules prévues pour cette année ne seront éligibles au leasing social que l’année suivante.
En rappel, le leasing social est accessible aux ménages dont le revenu fiscal de référence par part est inférieur à 15 400 euros par an. Les véhicules doivent également obtenir un bon score environnemental pour bénéficier de cette aide. L’État verse un bonus de 13 000 € pour chaque leasing social, ce qui permet d’accéder à une location sans premier loyer. Cette aide permet d’obtenir un véhicule électrique citadin pour moins de 100 € par mois (hors entretien et assurance) ou une voiture familiale pour moins de 150 € par mois.
Malgré le succès indéniable du leasing social, son interruption en 2024 soulève des interrogations quant à l’avenir de ce type d’aide et de la transition vers la mobilité électrique. Les constructeurs devront s’adapter à cette nouvelle réalité et trouver des solutions pour répondre à la demande croissante tout en maintenant leur rentabilité et leur capacité de production.